Le Temple de la Lumière
d'après S. Gourdikian
Il y a bien des siècles de cela, les habitants de le région d'Arménie nommée Haïotz Tzor, tinrent conseil et décidèrent de bâtir un Temple de la Lumière, afin de chasser à jamais du pays l'Obscurité, l'Ignorance et la Pauvreté.
Laboureurs et semeurs, bergers et maçons, grands et petits, tous se mirent à l'oeuvre.
feutres - Dzovinar |
Ils travaillaient sans trêve, de l'aube jusqu'au coucher du soleil, élevant les murs du Temple. Hélas ! Dès que tombait la nuit, et que tout sombrait dans le noir, des mains inconnues détruisaient tout ce qui avait été construit durant le jour. De sorte que, malgré tous les efforts des bâtisseurs, les murs ne s'élevaient jamais plus haut que la surface de la terre.
Désemparés, ils ne savaient plus que faire pour empêcher les forces obscures de poursuivre leur travail d'anéantissement.
Pastel et Feutre - Dzovinar |
Un vieil érudit qui passait par cette région, fut consulté afin de trouver remède à cette situation ; il prit sa tête dans ses mains et réfléchit, réfléchit longuement - tant il est vrai que même les plus savants doivent parfois réfléchir longtemps - puis dit :
- Cela ne peut être qu'une manoeuvre de l'Esprit Noir - maudit soit son nom ! Il est partout, dans chaque lieu du monde, et toujours, son seul but est de nuire aux hommes. Mais il est possible de neutraliser son action néfaste. Prenez un flacon, remplissez-le de larmes maternelles, puis posez-le dans les fondations de votre Temple. Votre travail avancera et le Temple sera achevé.
Les bâtisseurs suivirent le conseil du vieux sage, avec espoir.
Le remède sembla efficace car l'Esprit Noir ne se manifesta plus de quelque temps.
Laboureurs et semeurs, bergers et maçons, grands et petits, de l'aube jusqu'au coucher du soleil travaillèrent avec un entrain retrouvé et un enthousiasme que rien n'aurait pu ébranler. Ils retrouvaient chaque matin le fruit de leur travail intact, tel qu'ils l'avaient quitté la veille ...
Mais hélas ! Leur joie fut de courte durée. Les murs du Temple, à peine élevés d'un mètre au-dessus du niveau de la terre, furent à nouveau détruits par les forces obscures.
Les villageois sombrèrent dans le désespoir, même les plus optimistes !
Par bonheur, vint à passer un troubadour ; il avait beaucoup voyagé, vu beaucoup de choses, connaissait le bien et le mal...
Feutres - Dzovinar |
Il vit le désespoir du peuple, écouta le récit de leur malheur, en ressentit beaucoup de tristesse, réfléchit un moment, puis leur donna ce conseil :
- Les larmes maternelle, aussi lourdes de souffrance soient-elles, ne suffisent pas. Prenez un flacon, remplissez-le de la sueur des hommes, posez-le dans les fondations de votre Temple, auprès de celui contenant les larmes. C'est ainsi seulement que vous pourrez déjouer les intentions malfaisantes de l'Esprit Noir.
Les villageois suivirent le conseil du troubadour et reprirent leur travail dans l'enthousiasme général.
Chaque matin, ils constataient avec une joie renouvelée que les forces destructrices n'avaient point sévi au cours de la nuit. Les murs du Temple de la Lumière s'élevaient, s'élevaient, au fur et à mesure . Le bonheur régnait dans le coeur des bâtisseurs car ils étaient maître de leur ouvrage, et qu'ils avaient mâté l'Esprit Noir - maudit soit son nom. Un an s'était écoulé depuis sa dernière manifestation.
Un matin pourtant, ils virent avec consternation que, de nouveau, le Temple était détruit. Pas une pierre n'en subsistait ...
On peut imaginer le désespoir et le découragement qui s'abattirent sur les villageois. Ils en vinrent à douter : peut-être était-il inutile de s'acharner à bâtir ce Temple ? Dieu ne les en jugeait pas assez dignes ? Ils se réunirent en conseil afin de décider de l'attitude qu'il leur fallait adopter.
Les uns, les plus déterminés, proposèrent de continuer coûte que coûte, tandis que d'autres, freinés par un profond découragement, jugèrent inutile de s'obstiner dans une voie aussi décevante. Les Sages eux-mêmes étaient perplexes : seule une intervention divine pourrait les tirer d'un tel embarras.
Tout à leur réflexion, ils ne virent pas un chevalier - sorti de nulle part - s'approcher d'eux. Ce dernier vit le désespoir du peuple et s'enquit de ce qui leur causait tant d'alarmes. Il écouta attentivement le récit qu'on lui fit des évènements qui semblaient marqués du sceau de la fatalité.
C'est sans hésitation qu'il leur donna le conseil suivant :
- Les larmes maternelles et la sueur des hommes sont essentielles, mais ne suffisent pas : il faut une épée pour assurer votre défense. Placez dans les fondations l'épée d'un brave.
Feutre - Dzovinar |
Et c'est ainsi qu'ils purent achever la construction du Temple de la Lumière. L'Epée du Brave, puisant une force toujours renouvelée dans les larmes maternelles et dans la sueur des hommes, chassait les puissances obscures.
Depuis ce jour, le Temple de la Lumière s'élève, indestructible, irradiant le pays de ses rayons vivifiants.
On raconte que les esprits destructeurs, terrifiés par cette lumière indicible, se transformèrent en corbeaux noirs et se perdirent à jamais dans de sombres abîmes.
Quant à ceux qui n'avaient reculé devant aucun sacrifice pour mener à bien l'Oeuvre de l'humanité qu'ils s'étaient fixés, ils se transformèrent en oiseaux multicolores qui voltigèrent dans les airs, autour du Temple, en chantant la victoire éternelle de la Lumière sur le Néant ...
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Très joli conte, ainsi que les illustrations !
RépondreSupprimerLouise
Merci Louise !
RépondreSupprimerAmour, force et courage, pour éclairer le monde.
RépondreSupprimerUn joli conte agréablement illustré. Merci Dzovinar.
J'espère en trouver d'autres ... une sorte de mille et un contes ... mais ...
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